Tendinite du supra-épineux : Définition et prise en charge

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Si vous ressentez des douleurs à l’épaule qui s’aggravent avec le temps et les mouvements, il se peut que vous souffriez de tendinite du supra-épineux. Cette affection est assez courante et touche principalement les personnes qui ont une activité physique soutenue.

Dans cet article, nous définissons la tendinite du supra-épineux et expliquons comment elle est prise en charge.

Anatomie du muscle supra-épineux

Le muscle supra-épineux (également appelé sus-épineux) est un muscle important situé dans la région supérieure de l’épaule. Il prend naissance dans la fosse sus-épineuse de l’omoplate et s’insère dans la grande tubérosité de l’humérus.

Il fait partie du groupe de muscles de la coiffe des rotateurs qui maintient la tête de l’humérus dans sa cavité peu profonde.

anatomie du sus-épineux
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Sa principale fonction est d’assurer la stabilité structurelle pour permettre une amplitude de mouvement optimale de l’épaule et l’abduction du bras, c’est-à-dire son soulèvement par rapport au corps (sur le côté).

D’un point de vue anatomique, il est important pour stabiliser les mouvements impliquant une rotation externe de l’articulation de l’épaule, ce qui permet des activités normales comme :

  • L’extension ;
  • Le lancer ;
  • Et la poussée.

En raison de sa position anatomique parmi plusieurs autres muscles dont les fonctions se chevauchent, il est fréquemment blessé et peut entraîner des syndromes de compression de l’épaule.

Tendinite du supra-épineux : Définition

La tendinite du supra-épineux (ou tendinite du sus-épineux), est une pathologie causée par le frottement excessif du tendon supra-épineux contre l’acromion.

L’inflammation causée par le frottement peut entraîner une douleur, une restriction des mouvements du bras, et une gêne au niveau de l’épaule.

Cette pathologie est observée plus souvent chez les personnes pratiquant des sports de lancer tels que les nageurs ou les joueurs de volley-ball faisant un usage intensif de leur épaule, mais elle peut également survenir à la suite de mouvements répétitifs dans la vie associée au travail.

Les personnes les plus fréquemment touchées par ce trouble sont généralement âgées de 25 à 55 ans. Les personnes âgées présentent également un risque accru en raison du processus dégénératif des tendons lié à l’âge.

Lien entre la forme de l’acromion et la tendinite du supra-épineux

La forme de l’acromion peut jouer un rôle dans la tendinite du supra-épineux. Selon sa forme, il peut y avoir un espace plus ou moins réduit entre lui et le tendon, ce qui peut favoriser des frottements, en particulier lors de l’élévation du bras.

Il existe plusieurs formes d’acromion, classées généralement en trois types :

type d'acromion
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  1. Plat (Type I) : C’est la forme la moins susceptible de causer des problèmes.
  2. Courbé (Type II) : Il y a un risque modéré de frottement avec le tendon.
  3. Crocheté (Type III) : Cette forme présente le plus grand risque de conflit avec le tendon du supra-épineux, car elle crée un espace plus restreint.

Cependant, il est important de noter que la présence d’un acromion courbé ou crocheté n’entraîne pas systématiquement une tendinite du supra-épineux. En effet, de nombreuses personnes avec ces formes d’acromion ne développent jamais de symptômes.

Ainsi, l’association entre la forme de l’acromion et la tendinite n’est donc pas systématique, mais elle peut certainement augmenter le risque.

Tendinite vs tendinopathie du supra-épineux : Quelle différence ?

La tendinite et la tendinopathie sont deux termes souvent utilisés de manière interchangeable, alors qu’ils désignent des affections différentes du tendon. Voyons en quoi ils sont différents :

Tendinite du supra-épineux :

  • La tendinite fait spécifiquement référence à une inflammation du tendon.
  • Elle est généralement causée par une irritation aiguë ou des microtraumatismes répétés qui entraînent une inflammation du tendon.
  • Les symptômes typiques incluent une douleur aiguë, un gonflement et une rougeur locale.

Tendinopathie du supra-épineux :

  • La tendinopathie est un terme plus général qui englobe toutes les pathologies du tendon, y compris mais sans se limiter à l’inflammation. D’ailleurs, lorsqu’on évalue le tendon au microscope, on ne décèle pas de processus inflammatoire.
  • Elle peut être le résultat de changements dégénératifs chroniques dans le tendon, sans nécessairement présenter de signes d’inflammation active. Ces changements peuvent inclure des microdéchirures, un épaississement ou une désorganisation des fibres tendineuses.
  • Les symptômes peuvent être plus diffus et chroniques, avec une douleur qui s’aggrave progressivement.

En résumé, alors que la tendinite se concentre spécifiquement sur l’inflammation du tendon, la tendinopathie est un terme plus large qui englobe une gamme de troubles tendineux, y compris la dégénérescence.

Il est important de différencier entre ces deux conditions, car ceci affectera la prise en charge. Par exemple, prendre des anti-inflammatoires alors qu’on souffre de tendinopathie due à une désorganisation des fibres serait une approche de traitement inutile.

Tendinite du supra-épineux et conflit sous-acromial, quel lien ?

Le conflit sous-acromial est une cause fréquente de douleur à l’épaule et est étroitement lié à la tendinite du supra-épineux.

Le conflit sous-acromial se produit lorsque le tendon du supra-épineux est comprimé ou « coincé » dans l’espace étroit entre l’acromion et la tête de l’humérus lors du mouvement d’élévation du bras. Cet espace est appelé l’espace sous-acromial.

Avec le temps et les mouvements répétitifs du bras (surtout au dessus de la tête), ceci va entraîner un frottement ou une compression répétée du tendon du supra-épineux contre l’acromion. Ce frottement répété peut provoquer une irritation et une inflammation du tendon, conduisant à une tendinite du supra-épineux.

En outre, certaines caractéristiques anatomiques (comme l’acromion de type 3 mentionné précédemment) peuvent réduire encore davantage l’espace sous-acromial, augmentant le risque de conflit et, par conséquent, de tendinite.

Causes de la tendinite du supra-épineux

Parmi les causes les plus courantes de tendinite du supra-épineux, on peut citer :

  • Surutilisation et activités répétitives de l’épaule (telles que le sport ou une activité professionnelle impliquant le soulèvement d’objets lourds) ;
  • Une posture inadaptée (épaule enroulée avec projection de tête vers l’avant de manière excessive) ;
  • Stress sur l’articulation de l’épaule dû à une biomécanique défectueuse (comme une instabilité de l’épaule ou un déséquilibre musculaire) ;
  • Dégénérescence des tendons due à l’âge (vieillissement) ;
  • Inflammation due à des déséquilibres musculaires ou à des déchirures de la coiffe des rotateurs ;
  • Acromion de type 3 ;
  • Absence d’échauffement avant les activités intenses ;
  • Un traumatisme au niveau de l’épaule, comme une chute.

En présence de l’un de ces facteurs de risque, les personnes sont plus susceptibles de souffrir d’une tendinite sus-épineuse.

Il est à noter que la tendinite du supra-épineux peut résulter d’une combinaison de plusieurs de ces facteurs.

Symptômes de la tendinite du supra-épineux

Le principal symptôme de la tendinite du sus-épineux est une douleur à l’avant ou sur le côté de l’épaule lors du mouvement du bras vers le haut et vers l’extérieur.

Les autres signes et symptômes sont les suivants :

douleur à l'épaule
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  • Douleur lorsqu’on tend la main derrière le dos ;
  • Une amplitude de mouvement limitée de l’épaule (due a la raideur et la douleur) ;
  • Faiblesse de l’épaule, notamment lors des mouvements d’abduction et de rotation externe ;
  • Craquement ou un crépitement lors de certains mouvements du bras ;
  • Sensibilité au toucher de la zone affectée ;
  • Sensation d’inconfort possible au repos, en particulier la nuit ;
  • Gonflement ou rougeur occasionnels autour de la zone affectée (rare).

Diagnostic de la tendinite du supra-épineux

Le diagnostic de la tendinite sus-épineuse est généralement établi par une combinaison d’antécédents médicaux et d’examen physique.

Le médecin commencera typiquement par poser des questions sur l’apparition de la douleur, les activités qui l’aggravent ou la soulagent, la durée des symptômes et tout antécédent de traumatisme à l’épaule.

Il enchaînera ensuite avec un examen physique où le médecin cherchera des signes de faiblesse de l’épaule, ou une diminution de l’amplitude des mouvements. Il fera la palpation manuelle du tendon supra-épineux pour évaluer sa sensibilité (en comparaison avec le côté sain).

Des tests cliniques spécifiques permettront également de clarifier le diagnostic, surtout lorsqu’ils sont combinés avec les antécédents médicaux les autres examens cliniques.

On pense notamment aux tests suivants :

  1. Test de l’Empty Can (ou test de Jobe) :
  • Le patient est invité à tendre le bras à un angle de 90 degrés par rapport au tronc, avec le pouce pointé vers le bas (comme s’il renversait une canette vide).
  • Le médecin exerce une pression vers le bas sur le bras tandis que le patient tente de résister.
  • Une douleur ou une faiblesse lors de ce test suggère une atteinte du tendon supra-épineux.

  • Test de Neer :
  • Le médecin stabilise la clavicule du patient avec une main et élève passivement le bras du patient avec l’autre main.
  • Si ce mouvement provoque une douleur, cela peut indiquer une impingement (compression) du tendon supra-épineux sous l’acromion.

Test de Hawkins-Kennedy :

  • Le bras du patient est élevé à un angle de 90 degrés, puis le médecin fléchit l’avant-bras tout en tournant l’épaule vers l’intérieur.
  • Une douleur lors de ce mouvement suggère également un impingement du tendon supra-épineux.

Test de résistance externe :

  • Avec le bras du patient le long du corps et le coude fléchi à 90 degrés, le patient est invité à tourner l’avant-bras vers l’extérieur contre une résistance.
  • Une faiblesse ou une douleur lors de ce test peut indiquer une atteinte du supra-épineux ou de l’infraspinatus, deux muscles de la coiffe des rotateurs.

Test du Drop Arm :

  • Le patient est invité à élever le bras latéralement à un angle de 90 degrés, puis à le baisser lentement.
  • Si le patient est incapable de baisser le bras lentement et contrôlablement, cela peut indiquer une déchirure du tendon supra-épineux.

Les tests d’imagerie médicale

Si une imagerie supplémentaire est nécessaire pour confirmer le diagnostic, le médecin aura plusieurs options.

tendinite de la coiffe des rotateurs
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La radiographie, bien qu’elle ne puisse pas révéler d’atteinte tendineuse, peuvt être utilisée pour exclure d’autres causes de douleur à l’épaule, comme l’arthrose ou les fractures.

L’échographie, quant à elle, est souvent utilisée car elle permet à la fois de visualiser et d’analyser la texture et le mouvement des tissus.

Par ailleurs, une imagerie par résonance magnétique (IRM) peut être demandée pour évaluer tout dommage à l’intérieur de l’articulation. Par exemple, on peut observer s’il y a présence de bursite ou rupture transfixiante en parallèle.

S’il désire éliminer une atteinte nerveuse (par exemple en présence d’engourdissement ou de picotement dans le bras), le médecin pourrait demander un test d’électromyographie (EMG) pour évaluer la conduction nerveuse.

Ceci pourrait être le cas s’il suspecte que la douleur est provoquée par une atteinte au niveau des vertèbres cervicales (une pathologie au cou qui expliquerait les symptômes à l’épaule).

En somme, un diagnostic correct joue un rôle essentiel dans l’amélioration des résultats pour les patients ; prendre le temps de se faire évaluer pour une tendinite du sus-épineux peut faire toute la différence dans la gestion de cette affection.

Traitement de la tendinite du supra-épineux

Lorsqu’il s’agit de traiter une tendinite du supra-épineux, les méthodes conservatrices constituent généralement la première ligne de défense.

Ces méthodes permettent de réduire l’inflammation et la douleur, tout en contribuant à améliorer l’amplitude des mouvements et la fonction de la zone touchée.

Dans les cas plus graves, une intervention chirurgicale est parfois nécessaire afin de restaurer la stabilité et l’intégrité de la structure du tendon.

Traitement conservateur

Les traitements conservateurs de la tendinite du sus-épineux peuvent aider à soulager les symptômes et à favoriser la guérison. Les traitements courants comprennent :

  • La mise au repos de l’épaule lors d’activités susceptibles de provoquer une irritation. Dans certains cas extrêmes, on considère le port d’un support d’épaule ou d’une écharpe lors d’activités susceptibles de provoquer une irritation (attention au repos excessif et prolongé !) ;
  • L’application de compresses froides ou des poches de glace pour réduire le gonflement ;
  • Des crèmes anti-inflammatoires ;
  • Des médicaments anti-inflammatoires ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), si nécessaire ;
  • Des exercices de kinésithérapie (physiothérapie) pour améliorer l’amplitude des mouvements, renforcer les muscles et améliorer la posture ;
renforcement de l'épaule avec un élastique
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  • Des injections de corticostéroïdes pour soulager la douleur en cas d’échec des traitements mentionnés ci-haut.

Dans les cas où ces traitements conservateurs ne sont pas efficaces, une intervention chirurgicale peut être recommandée.

Traitement chirurgical

La chirurgie est généralement réservée aux cas de tendinite du sus-épineux qui n’ont pas répondu aux traitements conservateurs et à ceux qui connaissent des épisodes récurrents de douleur ou d’instabilité dans l’articulation de l’épaule.

L’objectif du traitement chirurgical est de remédier à tout dommage structurel en réparant ou en renforçant les tendons, les ligaments et les articulations qui peuvent être affectés.

chirurgie de l'épaule
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Les procédures chirurgicales couramment utilisées pour traiter la tendinite du sus-épineux comprennent :

  • Un débridement arthroscopique pour éliminer les tissus enflammés ou les débris de l’articulation ;
  • Une réparation ouverte pour les déchirures qui impliquent plus de 50 % de la largeur du tendon ;
  • Acromiopl’ablation d’un excès de tissu ou d’une cicatrice dans l’articulation de l’épaule ;
  • La réparation de la coiffe des rotateurs, qui consiste à rattacher ou à reconstruire les tendons déchirés.

Après l’opération, une thérapie physique est souvent recommandée pour aider à restaurer la force et améliorer l’amplitude des mouvements.

Pour optimiser les résultats, il est important que les patients respectent les recommandations de leur thérapeute et effectuer tous les exercices prescrits.

Références

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