Vous souffrez de rhizarthrose, une maladie qui touche le pouce ? Cette condition peut provoquer des douleurs, des raideurs et des gonflements dans le pouce, et rendre difficile l’exécution des tâches professionnelles.
Si vous ressentez des douleurs au pouce, vous vous demandez peut-être si votre travail en est la cause.
Dans cet article, vous apprendrez si la rhizarthrose est une maladie professionnelle, et comment vous pouvez obtenir les prestations auxquelles vous avez droit.
Anatomie du pouce (court rappel)
Avant de parler de la rhizarthrose et de son lien avec le travail, familiarisons-nous avec cette condition pour mieux comprendre ses conséquences au niveau professionnel.
Le pouce est constitué de trois os :

- La phalange proximale ;
- La phalange distale ;
- Et le premier métacarpien.
La phalange proximale est attachée au poignet, tandis que la phalange distale est reliée aux autres doigts par des ligaments et des tendons. Le premier métacarpien forme l’articulation entre le pouce et la main.
L’anatomie unique du pouce lui confère des fonctions qui ne sont pas possibles avec les autres doigts. Par exemple, le mouvement d’opposition du pouce lui permet de rejoindre les autres doigts de la main.
C’est ce mouvement qui nous permet de saisir ou de pincer des objets entre le pouce et les autres doigts. Ceci est essentiel pour accomplir de nombreuses tâches professionnelles, comme écrire, tenir un stylo, saisir un objet, boutonner un vêtement, etc.
En outre, les muscles qui font bouger le pouce sont situés dans l’éminence thénar, un monticule charnu situé sur le côté de la paume de la main.

Ensemble, ces muscles travaillent ensemble pour donner au pouce une grande amplitude de mouvement, ainsi qu’un rôle dans la préhension d’objets.
Rhizarthrose : court rappel
La rhizarthrose (également appelée arthrose du pouce) est une forme d’arthrose qui se caractérise par une usure du cartilage touchant l’articulation trapézo-métacarpienne située à la base du pouce.
Les causes sont multiples, mais reflètent souvent une utilisation excessive du pouce durant plusieurs années.
Un traumatisme antérieur (comme une fracture ou une entorse) peut potentiellement prédisposer au développement de la rhizarthrose. Il en est de même pour certaines personnes ayant une hyperlaxité ligamentaire au pouce.
En outre, les activités professionnelles impliquant des mouvements répétitifs peuvent entraîner une usure progressive des cartilages qui tapissent le trapèze et la base du premier métacarpien.
On pense notamment aux professions telles que les couturières, les jardiniers, les pianistes et les personnes travaillant avec un clavier (dactylographie). En effet, certaines études ont montré que l’arthrose des doigts est plus fréquente chez ce groupe de personnes.
Parmi les symptômes de la rhizarthrose, les douleurs prédominent, localisées à la base du pouce. Ces douleurs peuvent être accentuées par la mobilisation du pouce, ou encore des mouvements fonctionnels tels que tourner une clé dans une serrure ou dévisser le bouchon d’une bouteille.
Un autre symptôme possible est le craquement de l’articulation, provoqué par la mobilisation active et passive du pouce.
Pour confirmer définitivement le diagnostic de rhizarthrose, on a recours à l’imagerie médicale. Une radiographie est généralement suffisante pour visualiser le phénomène d’arthrose, ainsi que d’autres signes associés à cette condition (comme des ostéophytes, une altération du cartilage, etc.).
Prise en charge de la rhizarthrose
Le traitement de la rhizarthrose peut être symptomatique, conservateur ou chirurgical, afin de réduire l’inflammation, la douleur et l’enflure, d’améliorer la mobilité articulaire et de permettre la reprise des activités quotidiennes.
Le traitement conservateur, qui comprend :

- Le repos ;
- L’application de glace ;
- Une thérapie anti-inflammatoire médicale ;
- L’utilisation d’attelles ou d’orthèses pour immobiliser l’articulation et réduire la douleur ;
- Utilisation de la thérapie physique (kinésithérapie ou physiothérapie, ergothérapie, etc.) pour améliorer l’amplitude des mouvements.
- Une thérapie d’infiltration locale est prévue dans certains cas, pour réduire la douleur. Ce traitement implique l’injection d’un anesthésique local et d’un stéroïde dans l’espace articulaire.
- Une chirurgie en dernier recours
Rhizarthrose et arrêt de travail
En fonction de la gravité de l’affection, certaines personnes peuvent être amenées à interrompre temporairement leur travail, tandis que d’autres peuvent continuer à travailler avec des modifications pendant la convalescence.
L’arrêt de travail suite à une rhizarthrose peut être déterminé par plusieurs facteurs qui peuvent influencer la capacité d’une personne à effectuer son travail de manière efficace.
Voici certains facteurs qui peuvent être pris en compte lors de la décision d’un arrêt de travail :
- Sévérité des symptômes : La gravité des symptômes de la rhizarthrose, tels que la douleur, la raideur et la perte de fonction, peut être un facteur déterminant pour l’arrêt de travail. Si les symptômes sont suffisamment graves pour interférer avec les tâches professionnelles, un arrêt de travail peut être envisagé.
- Nature du travail : Le type de travail effectué est également important. Si le travail implique des mouvements répétitifs du pouce, une utilisation fréquente d’outils manuels ou une contrainte excessive sur l’articulation touchée, cela peut prolonger l’arrêt de travail nécessaire (en comparaison avec un travail sédentaire)
- Traitements : Si la personne nécessite des traitements médicaux ou des interventions invasives (comme une chirurgie), un arrêt de travail peut être nécessaire pour faciliter la récupération et le processus de guérison.
L’avis du médecin traitant est crucial dans la décision d’un arrêt de travail. Le professionnel de la santé évaluera la gravité de la rhizarthrose, son impact sur la capacité de travail et formulera des recommandations spécifiques.
En outre, la durée d’un arrêt de travail suite à une rhizarthrose varie en fonction de la gravité des symptômes et des recommandations médicales.
Dans certains cas, un arrêt de travail temporaire de quelques jours à quelques semaines peut être nécessaire pour permettre une période de repos, de traitement et de rééducation.
Si le patient doit passer par une chirurgie, l’arrêt de travail pourra durer jusqu’à environ trois mois après l’intervention chirurgicale.
Discutez toujours de votre cas particulier avec votre médecin pour déterminer ce qui vous convient le mieux.

La rhizarthrose est-elle une maladie professionnelle ?
Comme la rhizarthrose ne fait pas partie du tableau 57 des maladies professionnelles, elle n’est pas donc pas reconnue automatiquement comme maladie professionnelle.
Par contre, un patient peut tout de même monter un dossier qui lui permettrait de faire reconnaître sa condition comme une maladie professionnelle.
Ceci est d’autant plus vrai si la condition est sérieuse (comme une rhizarthrose avec atteinte bilatérale grave), ou si le lien entre la maladie et le travail est évident.
En ce qui concerne la procédure à suivre pour faire reconnaître sa rhizarthrose comme maladie professionnelle, il faudra essentiellement faire une demande auprès du CRRMP (Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles).
Ceci comprendra une évaluation d’un spécialiste (comme un chirurgien orthopédiste) qui devra fournir un rapport détaillé de la condition de son patient. Il peut être utile de prendre également l’avis du médecin du travail.
Après examen de la demande, le CRRMP fournira une décision quant à la reconnaissance de maladie professionnelle. Au cas où il y aurait refus, des mesures de contestation sont disponibles pour faire valider son dossier.
Il est préférable de faire appel à un avocat spécialisé en dommages corporels ou droits du travailleur pour faciliter les procédures et augmenter ses chances de reconnaissance.
Si la rhizarthrose est alors reconnue comme une maladie professionnelle, le patient peut bénéficier d’une indemnisation spécifique.
Quelles indemnités pour une rhizarthrose ?
Si votre rhizarthrose est reconnue comme une maladie professionnelle, vous pouvez avoir droit à un certain nombre de prestations, notamment :
- Une indemnité forfaitaire ;
- Des prestations économiques (telles que l’indemnité pour perte de revenus) ;
- Un traitement médical gratuit ;
- La réadaptation professionnelle.
Parlez-en à votre médecin et/ou à votre avocat pour en savoir plus sur les prestations auxquelles vous pouvez avoir droit.
Veillez à conserver tous les documents relatifs à votre état et à votre traitement. Cela vous aidera à monter un dossier solide pour obtenir une indemnisation.
Références
https://main-clinique.fr/actualites/rhizarthrose-travail-maladie-professionnelle/
https://oer.uclouvain.be/jspui/bitstream/20.500.12279/160/1/Thierry%20Lequint_RHIZARTHROSE.pdf