Après la tête du fémur, la tête humérale constitue la deuxième localisation la plus fréquente d’ostéonécrose dite « aseptique ». Bien que les moyens diagnostiques et de prise en charge de cette pathologie aient beaucoup évolué, son pronostic reste plutôt réservé sur le long terme.
Dans cet article, nous parlerons de la possibilité de guérison de cette affection, en abordant son pronostic, en fonction de ses différents stades, ainsi que le temps nécessaire à cette guérison.
Définition de l’ostéonécrose de la tête humérale
L’ostéonécrose de la tête humérale se définit par une dégénérescence puis une mort des cellules de l’épiphyse (extrémité supérieure) de l’humérus où siège la tête humérale.
La mort cellulaire concerne aussi bien l’os que la moelle contenue à l’intérieur de ce dernier.
Elle résulte de la survenue d’événements :
- Ischémiques : diminution de l’apport sanguin au niveau du tissu osseux en raison de l’atteinte des vaisseaux notamment un traumatisme, une obstruction totale ou partielle ou bien une compression ;
- Cytotoxiques : signifiant la toxicité cellulaire occasionnée par des agents tels que l’alcool ou les corticoïdes ;
- Traumatiques : fractures ou luxations.
Pouvant rester longtemps asymptomatique, l’ostéonécrose de la tête humérale se découvre habituellement de manière fortuite.
Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste par des douleurs ressenties au niveau de l’épaule, une impotence fonctionnelle et parfois, un gonflement ou une déformation de l’épaule.

Pour en savoir plus sur l’ostéonécrose de la tête humérale, consultez l’article suivant : https://tms-membre-superieur.com/osteonecrose-de-la-tete-humerale/
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Temps de guérison d’une ostéonécrose de la tête humérale
Tout comme pour la localisation fémorale, on ne guérit pas totalement d’une ostéonécrose non traumatique de la tête humérale.
Cependant, il reste possible d’obtenir une réversibilité des lésions observées à l’IRM, avec diminution de la zone nécrosée lorsque l’ostéonécrose de la tête humérale est de petite taille.
L’enjeu principal de cette affection est que les lésions restent stables, et ce pour ne pas aboutir à une fracture dite sous chondrale pouvant causer une arthrose en second lieu. Pour cela, l’ostéonécrose doit remplir certains critères, notamment :
- Etre asymptomatique ;
- Toucher moins de 15% de l’épiphyse autrement dit être de petite taille ;
- Qu’il n’existe pas d’œdème médullaire à l’IRM.
Évolution et pronostic
L’évolution naturelle, c’est-à-dire sans diagnostic précoce et traitement adapté, d’une ostéonécrose de la tête humérale est la survenue d’une fracture sous-chondrale, la déformation et l’effondrement de la surface articulaire de façon irréversible puis à terme l’installation d’une arthrose secondaire.
Les stades évolutifs d’une ostéonécrose de la tête humérale sont définis par une classification nommée Arlet et Ficat modifiée par Cruess et qui prend en considération des critères cliniques et radiologiques.
- Le stade I : est dit pré-radiologique car l’ostéonécrose de la tête humérale n’est visible qu’à l’IRM et non sur une radiographie standard.
- Le stade II : associe des images d’ostéoporose et d’ostéo-condensation siégeant à la partie supérieure et postérieure de la tête humérale et visibles à la radiographie.
- Le stade III : correspond à la survenue d’une fracture sous-chondrale visible radiologiquement à l’apparition du signe de la coquille d’œuf sans que la tête humérale perde sa sphéricité.
- Le stade IV : retrouve une perte de la sphéricité de la tête humérale due à l’effondrement de l’os chondral.
- Le stade V : est le stade de remaniements arthrosiques secondaires à la dégradation de l’articulation glèno-humérale.

Il faut compter une durée moyenne de 3 ans après un diagnostic radiologique, généralement IRM, pour voir apparaitre les premiers signes cliniques, notamment la douleur.
L’évolution vers un stade IV avec perte de sphéricité de la tête humérale a lieu en moyenne 4 à 5 ans après diagnostic.
Enfin la survenue d’arthrose secondaire requiert environ 7 à 8 années d’évolution.
Le pronostic de l’ostéonécrose de la tête humérale est tributaire de son stade d’évolution. Ainsi :
- Pour les stades précoces (stades I et II), le pronostic reste plutôt favorable et seul un traitement conservateur à savoir, médicamenteux et chirurgical conservateur, est indiqué.
- Concernant les stades restants ou un effondrement articulaire et une arthrose secondaires sont installés, le recours à l’arthroplastie ou mise en place d’une prothèse d’épaule (traitement chirurgical non conservateur) reste la seule option possible.

Il existe cependant un espoir d’amélioration du pronostic articulaire péjoratif de l’ostéonécrose de la tête humérale.
En effet, l’utilisation de cellules souches mésenchymateuses pourrait à l’avenir améliorerconsidérablement la prise en charge de cette pathologie et apporter un espoir de guérison.
Prévention de l’ostéonécrose de la tête humérale
De manière générale, la cause principale de survenue d’une ostéonécrose de la tête humérale ne peut être identifiée.
Il existe néanmoins différents facteurs de risques identifiés et pouvant être à l’origine de cette pathologie, à savoir :
- La corticothérapie : utilisée par voie systémique (par le sang), en fortes doses ou bien en petites doses de manière prolongée, la consommation de corticoïdes constitue l’une des principales causes d’apparition d’ostéonécrose de la tête humérale.
- La survenue d’un traumatisme de l’épaule : qu’il s’agisse d’une luxation ou d’une fracture, les lésions vasculaires et la compression par un hématome pouvant être causées par un traumatisme direct sont à l’origine de nombreux cas d’ostéonécrose.
- L’éthylisme : et ce qu’il soit aigu (consommation de fortes doses) ou chronique. Ceci s’explique par la perturbation du métabolisme lipidique dans les cellules de la moelle osseuse causé par l’alcool, et qui favoriserait la genèse de cellules adipeuses augmentant la toxicité au sein des cellules.
Ainsi, vous l’aurez compris, la prévention de l’ostéonécrose de la tête humérale passe par la réduction des facteurs de risques dits « modifiables » de cette pathologie, et ce en : réduisant la consommation d’alcool et de tabac, en limitant autant que possible l’utilisation des corticoïdes et en faisant attention de ne pas subir de traumatismes graves et directs de l’épaule.
Pour ce qui est des facteurs de risques « non modifiables » tels que l’existence d’une drépanocytose, d’une maladie auto-immune ou une hyperlipidémie, des traitements préventifs tels que les anticoagulants, les antiagrégants (qui fluidifient le sang) ou les hypolimémients (qui réduisent le taux de cholestérol) peuvent être proposés.