douleur de coude

Épitrochléite : Définition et prise en charge (tout savoir)

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L’épitrochléite est une inflammation des muscles pronateurs fléchisseurs insérés au niveau de l’épitrochlée du coude (l’intérieur du coude). Elle se manifeste par une douleur et une raideur au niveau du coude, qui s’aggrave généralement avec l’effort.

La prise en charge de cette affection doit être adaptée à chaque cas, car les symptômes et les causes peuvent varier considérablement.

Dans cet article, nous vous expliquons tout ce que vous devez savoir sur l’épitrochléite.

Définition de l’épitrochléite

L’épitrochléite est une affection caractérisée par une inflammation du tendon situé à la partie interne du coude, qui peut provoquer des douleurs ou des difficultés lors du mouvement ou de la flexion du bras.

Elle est parfois condondue avec l’épicondylite, qui elle touche davantage la partie externe du coude.

Elle survient lorsque ces tendons sont surutilisés en raison de tâches répétées telles que le soulèvement d’objets lourds ou des activités comme la peinture ou le martelage avec les mains.

Cette surutilisation entraîne de petites déchirures dans le tendon qui provoquent ensuite une inflammation et une douleur. 

épitrochléite
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Anatomie du coude

Afin de comprendre comment l’épitrochléite se développe et comment elle peut être traitée, nous devons d’abord jeter un coup d’œil à l’anatomie de nos coudes.

L’articulation du coude relie trois os : l’humérus (os du bras), le cubitus (os de l’avant-bras du côté opposé au pouce) et le radius (os de l’avant-bras du même côté que le pouce).

anatomie du coude
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Ces os sont reliés par plusieurs ligaments qui assurent la stabilité de nos bras tout en nous permettant de les déplacer librement d’un côté à l’autre.

En outre, tout autour de nos coudes, il y a des muscles et des tendons qui nous aident à bouger nos bras de haut en bas ainsi qu’en cercle.

Le groupe de muscles le plus important pour comprendre l’épitrochléite est les fléchisseurs du poignet.

Les principaux muscles fléchisseurs du poignet (dont les tendons s’attachent à cette région) sont le fléchisseur radial du carpe, le fléchisseur ulnaire du carpe et le fléchisseur superficiel des doigts.

Ce groupe de muscles aide à stabiliser nos poignets lorsque nous les utilisons dans des activités quotidiennes comme la préhension ou l’utilisation d’une souris.

anatomie des muscles du membre supérieur
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Épitrochléite : Les causes

Cause n°1 : Mouvement répétitif avec flexion stressante et pronation du poignet

Ce type d’activité exerce un stress sur les tendons du coude et de l’avant-bras, ce qui peut entraîner une inflammation et une douleur.

Il s’agit par exemple d’activités telles que taper à la machine, soulever des objets lourds ou pratiquer certains sports comme le tennis ou le golf (d’où l’appellation « golfer’s elbow »).

Ceci est d’autant plus vrai si la technique n’est pas appropriée.

golf
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Cause n° 2 : Traumatisme 

Une autre cause possible est une blessure au niveau du coude ou de l’avant-bras. Il peut s’agir particulièrement d’un choc direct sur l’épicondyle médial avec un objet, ou encore d’une chute sur le bras ou l’épaule (ou tout autre type de traumatisme qui endommage les tendons).

Il est important de consulter un médecin si vous avez récemment subi un traumatisme, quel qu’il soit, car cela peut entraîner des complications supplémentaires en l’absence de traitement.

Cause n° 3 : Blessure de surmenage

Les blessures de surmenage sont une autre cause potentielle d’épitrochléite, en particulier lorsqu’il s’agit d’activités impliquant des mouvements répétitifs (comme le golf, les grimpeurs, les métiers manuels, etc.).

Lorsque vous pratiquez de telles activités de manière continue sur une période donnée, sans faire de pause, vos tendons peuvent être mis à rude épreuve, ce qui entraîne une inflammation et des douleurs.

douleur au coude
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Conseil du kiné : Si vous vous adonnez constamment à des activités impliquant des mouvements répétitifs sans faire de pauses entre les séances, il est important que vous preniez un congé afin que votre corps ait le temps de récupérer des blessures de surmenage que vous avez pu subir au cours de ces séances.

Cause n° 4 : Arthrose du coude

L’arthrose du coude peut également être une cause indirecte d’épitrochléite en raison de ses effets sur les articulations et les tissus conjonctifs entourant le coude.

Dans certains cas, les tendons entourant l’articulation du coude sont affectés par la dégénérescence du cartilage. Ceci peut se manifester par des compensations musculaires dues à la modification de la biomécanique du coude, des mouvements limités, ou une modification des activités.

Ces modifications peuvent ainsi entraîner une inflammation et une douleur qui peuvent provoquer une épitrochléite.

arthrose du coude
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Cause n° 5 : Conditions médicales ou facteurs biomécaniques

Certaines conditions médicales telles que le diabète ou les maladies thyroïdiennes peuvent également être des causes potentielles d’épitrochléite en raison de leur capacité à réduire la circulation sanguine dans tout le corps, y compris autour du coude et de l’avant-bras.

Ceci qui entraîne une inflammation et des douleurs similaires à celles observées chez les personnes souffrant d’épitrochléite.

Par ailleurs, des facteurs biomécaniques peuvent augmenter le risque de développer une épitrochléite. Par exemple, des déséquilibres musculaires au coude peuvent entraîner une surcharge des tendons des muscles fléchisseurs.

Ou encore, un valgus marqué peut irriter les tendons fléchisseurs du poignet, favorisant l’apparition de l’épitrochléite.

Épitrochléite : Les symptômes

douleur de coude
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Sensibilité localisée 

Le symptôme le plus courant de l’épitrochléite est une sensibilité localisée à l’intérieur du coude, au point d’insertion des muscles fléchisseurs/pronateurs.

Elle apparaît initialement de façon aiguë et peut s’aggraver avec le temps si elle n’est pas traitée.

Douleur dans l’articulation du coude 

Cette douleur peut être sourde et douloureuse, mais elle peut aussi être vive selon le degré de gravité de l’affection.

Elle peut n’apparaître que lorsque vous bougez votre bras de certaines façons, par exemple en soulevant des objets avec la paume de la main vers le haut ou vers le bas ou en pliant le bras pour ramasser quelque chose sur le sol. 

Plusieurs personnes se plaignent également en essayant de laver leur visage avec leurs mains.

Gonflement

Le gonflement observé dans l’épitrochléite est dû à l’inflammation des tendons et des structures entourant le coude. Cela peut causer un épaississement ou un gonflement de la face interne du coude, accompagné de douleur et de sensibilité.

Le gonflement est une réponse inflammatoire naturelle du corps et peut diminuer avec le traitement approprié.

Faiblesse de la main et du bras 

Un autre symptôme de l’épitrochléite est la faiblesse de la main et du bras due à l’inflammation autour des articulations ou des nerfs en raison de la surutilisation.

Cette faiblesse peut entraîner des difficultés dans des activités telles que ramasser des objets avec les doigts (préhension), ou les saisir fermement avec la main et les muscles du bras affaiblis par l’inflammation autour des articulations et des nerfs.

Engourdissement 

L’engourdissement de la main et des doigts peut également être ressenti en raison de la compression des nerfs causée par le gonflement des tissus autour des articulations.

La compression restreint ainsi le flux sanguin vers les extrémités, et entraîne une mauvaise circulation sanguine. C’est ce qui explique la sensation d’engourdissement et de picotement dans les zones touchées (main/avan-bras). 

Perte douloureuse de la force de préhension 

Enfin, vous pouvez éprouver une perte de la force de préhension qui vous empêchera de tenir des objets lourds pendant une période prolongée sans ressentir d’inconfort.

Épitrochléite bilatérale : Est-ce possible ?

Contrairement à une épisode unilatérale d’épitrochléite qui affecte un seul coude, l’épitrochléite bilatérale se manifeste des deux côtés simultanément.

Par contre, on voit souvent le cas où la personne atteinte a débuté par avoir des symptômes sur le bras dominant, puis a développé des mécanismes compensatoires faisant en sorte qu’elle sur-utilisait le bras contralatéral (le bras opposé). Dans cette mesure, des douleurs au coude se développent ainsi dans les deux bras.

En outre, les causes de l’épitrochléite bilatérale sont similaires à celles de l’épitrochléite unilatérale. Par contre, cette condition bilatérale est associée à des activités où les deux membres supérieurs sont impliqués, et non des sports unilatéraux comme le tennis.

Par exemple, elle touche les adeptes de musculation, d’escalade, les personnes pratiquant des sports aquatiques comme le kite-surf ou le wakeboard, ou encore des gens ayant des tâches professionnelles répétitives ou qui utilisent intensivement leurs bras.

De manière générale, l’épitrochléite bilatérale peut être plus invalidante et avoir un impact significatif sur les activités quotidiennes, car les deux bras sont affectés simultanément.

Les symptômes courants comprennent une douleur aux deux coudes (sur l’aspect l’interne), une sensibilité à la palpation de l’épitrochlée, une faiblesse de la préhension et une difficulté à effectuer des mouvements de flexion et d’extension du coude.

Le traitement de l’épitrochléite bilatérale est similaire à celui de l’épitrochléite unilatérale. Nous en discutons dans une section ultérieure.

Diagnostic de l’épitrochléite

Avant de parler de traitement, il est crucial de s’assurer que la condition soit belle et bien une épitrochléite, et non un diagnostic similaire (comme une épicondylite, une atteinte du nerf cubital ou ulnaire, etc.).

Pour diagnostiquer avec précision l’épitrochléite, le médecin va toujours débuter par une anamnèse où il va recueillir les antécédents médicaux du patient, et lui poser des questions sur ses symptômes.

Il procèdera ensuite à un examen physique et des tests de provocation de la douleur.

Tests de provocation

Les tests de provocation sont utilisés par les médecins pour confirmer la présence ou non d’une douleur à un endroit donné lors d’un examen physique.

Un test couramment utilisé pour confirmer l’épitrochléite consiste à évaluer la force et la sensibilité des muscles fléchisseurs du poignet.

Le test consiste essentiellement à faire asseoir le patient sur une chaise, l’avant-bras posé sur une table et la main en supination (paume vers le haut). Le patient tente ensuite de lever le poing en pliant le poignet pendant que le médecin le maintien bas (en offrant une résistance au patient).

Si une douleur est ressentie autour de l’épitrochlée à ce moment-là, cela peut indiquer une faiblesse musculaire reliée à la présence d’une l’épitrochléite. Une faiblesse de la préhension du côté atteint (objectivé par dynamomètre) peut également être indiquée.

Par ailleurs, pour corroborer le diagnostic, le praticien va mettre en tension les muscles fléchisseurs via des étirements spécifiques. S’il observe une raideur asymétrique (par rapport au côté sain) ou une augmentation de douleur, ceci peut indiquer la présence d’une tendinopathie des fléchisseurs du poignet.

Finalement, la palpation est toujours indiquée pour clarifier le diagnostic. Il est important de comparer les trouvailles entre les deux membres, car il s’agit d’une région fragile chez plusieurs patients.

Examens d’imagerie médicale

Soulignons que le diagnostic de l’épitrochléite est principalement clinique, c’est-à-dire qu’il repose davantage sur les tests décrits ci-dessus.

Cependant, l’imagerie médicale peut être utilisée pour confirmer le diagnostic, évaluer la gravité, exclure d’autres pathologies ou aider à guider certaines interventions.

Voici les principaux tests d’imagerie utilisés :

  1. Radiographie: Bien que l’épitrochléite soit une affection des tendons et ne soit donc pas directement visible sur les radiographies standard, celles-ci peuvent être utiles pour exclure d’autres causes de douleur au coude, comme une fracture, l’arthrose ou d’autres anomalies osseuses (comme un valgus).
  2. Échographie : L’échographie est une excellente modalité d’imagerie pour évaluer les tissus mous. Elle peut montrer un épaississement ou des irrégularités du tendon, des calcifications, des déchirures partielles ou complètes, ou d’autres signes d’inflammation. Les avantages de l’échographie incluent l’absence de radiation et la capacité de comparer le coude symptomatique avec le coude sain du côté opposé.
  3. Imagerie par résonance magnétique (IRM): L’IRM offre une vue détaillée des tissus mous, y compris les tendons, les muscles et les ligaments. Elle peut aider à visualiser des modifications dégénératives, inflammatoires ou traumatiques du tendon, ainsi que d’autres structures du coude. L’IRM est particulièrement utile si d’autres affections sont suspectées, ou si une intervention invasive est envisagée (infiltration ou chirurgie).
  4. Scintigraphie osseuse: Dans de rares cas, une scintigraphie osseuse peut être réalisée pour évaluer une épitrochléite réfractaire au traitement. Elle peut aider à identifier une augmentation du flux sanguin ou du métabolisme osseux, ce qui indiquerait une inflammation ou une guérison.
IRM du poignet

En outre, des analyses de sang peuvent rarement être effectuées pour écarter toute autre affection susceptible de provoquer des symptômes similaires.

Le traitement de l’épitrochléite

Il existe des traitements pour cette affection qui peuvent réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie. Nous allons examiner les traitements conservateurs et chirurgicaux de l’épitrochléite.

Nous discuterons également du fonctionnement de ces traitements, de leurs avantages et de leurs risques, ainsi que du moment où ils doivent être utilisés.

Traitement conservateur de l’épitrochléite

La première ligne de traitement de l’épitrochléite est généralement constituée de mesures conservatrices telles :

  • le repos (avec parfois un arrêt de travail)
  • la thérapie par la glace ou la chaleur
  • les exercices de physiothérapie (kinésithérapie)
  • les médicaments anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène ou le naproxène sodique (Aleve)
  • les orthèses ou les attelles pour réduire les mouvements au niveau de l’articulation du coude tout en permettant aux autres articulations de bouger librement.
  • les traitements naturels, huiles essentielles ou autres remèdes de grand-mère
  • l’infiltration comme dernier recours avant la chirurgie

Ces mesures peuvent contribuer à réduire la douleur et le gonflement de la zone affectée et à améliorer l’amplitude des mouvements de l’articulation du coude. Elles peuvent également contribuer à prévenir d’autres dommages à l’articulation.

En plus de ces mesures, votre médecin peut vous suggérer un programme d’exercices adapté à vos besoins, qui peut contribuer à renforcer les muscles autour de la zone touchée et à améliorer la souplesse de l’articulation du coude.

exercice d'étirement des fléchisseurs du coude
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Les exercices de kinésithérapie (physiothérapie) sont souvent associés à d’autres thérapies, comme les ultrasons ou la stimulation électrique, qui visent à augmenter la circulation dans la zone touchée, ce qui peut contribuer à réduire la douleur et l’inflammation et à favoriser la guérison des tissus endommagés.

L’infiltration, dernier recours avant l’opération

L’infiltration est une méthode de traitement qui consiste à injecter des médicaments (souvent des corticoïdes) directement dans la zone affectée afin d’atténuer l’inflammation et la douleur. Souvent, l’injection est effectuée sous guidage échographique pour assurer sa précision.

Le principal avantage de cette procédure est qu’elle peut offrir un soulagement rapide de la douleur et une réduction de l’inflammation. Tel que mentionné, l’objectif est d’éviter le recours à l’opération.

Cependant, il faut noter que le soulagement peut être temporaire. Chez certains patients, l’effet dure près de 6 mois, mais il n’est pas rare de devoir répéter l’intervention.

À ce sujet, l’utilisation répétée des infiltrations corticoïdes peut entraîner des complications, telles que l’atrophie de la peau ou la dégénérescence des tendons. C’est pour cette raison qu’on réalise une deuxième infiltration uniquement si la première à été fructueuse, et jamais plus de 3 par années.

Dans l’ensemble, bien que l’infiltration soit une option thérapeutique intéressante pour l’épitrochléite, elle doit être utilisée après avoir essayé les traitements standards (comme la rééducation), et avec prudence.

Options de traitement chirurgical de l’épitrochléite

Si les traitements non chirurgicaux ne parviennent pas à soulager les symptômes après une période de plusieurs mois, la chirurgie peut être envisagée.

Ce type de traitement l’épitrochléite est généralement recommandé en cas de dommages structurels importants à l’articulation du coude ou en cas d’instabilité persistante malgré les mesures conservatrices.

L’objectif de la chirurgie est surtout de réparer les dommages structurels (tissus tendineux dégénéré) ou de retirer les fragments détachés de l’articulation qui pourraient être à l’origine de la douleur.

Si le nerf ulnaire (cubital) est en cause, on pourra libérer ou décomprimer le nerf durant l’opération. 

Par ailleurs, la chirurgie en tant que telle va également stimuler la guérison, notamment du au saignement dans la zone affectée.

chirurgie
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Il existe plusieurs techniques chirurgicales pour l’épitrochléite. Le spécialiste évaluera les risques opératoires (infection, saignement, etc.) et prendra une décision sur l’approche adaptée à la condition du patient.

La chirurgie ouverte est la technique traditionnelle. Une incision est faite sur la face médiale du coude pour accéder à l’épitrochlée et aux tendons afférents. Le chirurgien retire alors le tissu tendineux endommagé et débride la zone.

Une autre méthode chirugicale consiste à pratiquer une petite incision sur la zone touchée afin d’insérer un arthroscope (une petite caméra) dans l’articulation. Moins invasive, la chirurgie par arthroscopie permet de visualiser clairement les dommages sur un écran externe sans avoir à faire de grandes incisions.

Dans certains cas, les petites branches nerveuses alimentant la zone peuvent être coupées pour réduire la douleur (dénervation ou neurolyse).

Après la chirurgie, le bras sera généralement immobilisé pendant quelque temps avec un bandage ou une attelle. Une rééducation en kinésithérapie (physiothérapie) suivra pour récupérer l’amplitude et la force du coude, et reprendre ses activités.

La plupart des patients peuvent reprendre leurs activités normales dans les mois qui suivent l’opération, bien que certains patients puissent avoir besoin de plus de temps pour une récupération complète.

Références

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