L’épicondylite, appelée également « tennis elbow », est une affection fréquente touchant les tendons des muscles de l’avant-bras qui s’insèrent sur la partie externe du coude.
Le traitement de cette tendinopathie repose essentiellement sur la mise au repos du coude et la lutte contre les douleurs en attendant la guérison spontanée.
Parmi les nombreuses options thérapeutiques dont on dispose pour soulager les douleurs d’une épicondylite, on peut citer l’infiltration, c’est-à-dire l’injection d’une substance (généralement des corticoïdes) directement dans la zone douloureuse.
Dans cet article, nous allons parler de l’infiltration dans le cadre d’une épicondylite (ses indications et son déroulement).
Épicondylite : quelques repères

Avant de parler de l’infiltration dans un contexte d’épicondylite, il est important de connaître quelques notions de base sur cette pathologie :
- L’épicondylite (à ne pas confondre avec l’épitrochléite) est une affection tendineuse qui touche les tendons s’insérant sur la partie externe du coude.
- On l’appelle également « tennis elbow » (coude du tennisman), car elle s’observe fréquemment chez les joueurs de tennis.
- L’épicondylite se manifeste essentiellement par des douleurs au coude, surtout lors de sa mobilisation (flexion/extension, pronation/supination). Elle peut affecter la qualité du sommeil.
- L’épicondylite est le plus souvent causée par une sollicitation excessive du coude.
- Le diagnostic de l’épicondylite est essentiellement clinique (interrogatoire et examen physique).
- Des examens complémentaires peuvent être prescrits, particulièrement l’échographie et l’IRM du coude. Ceci survient notamment si on suspecte une fissure du tendon, ou autre atteinte sérieuse.
Le traitement de l’épicondylite est basé sur les modalités suivantes. Ill est important de consulter pour une prise en charge individualisée :
- repos
- médication
- modification des activités (travail, musculation, sports, etc.)
- arrêt de travail au besoin
- chaleur et glace
- ondes de choc
- ostéopathie
- acupuncture
- remèdes naturels
En cas d’échec des traitements conservateurs (incluant l’infiltration), la chirurgie peut être nécessaire (par exemple en cas de lésion tendineuse sévère, ou pour les cas chroniques qui ne guérissent pas).
Pour tout savoir sur l’épicondylite, consultez notre article complet sur le sujet en cliquant ici.
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Épicondylite et infiltration : en quoi consiste cette méthode ?
L’infiltration, une pratique courante en orthopédie et en rhumatologie, consiste à injecter une substance médicamenteuse (le plus fréquemment des corticoïdes) directement au niveau du site pathologique.
Cette façon d’administrer un traitement permet de concentrer les principes actifs de ce dernier sur la zone problématique afin d’obtenir une meilleure efficacité au niveau local.

Il existe trois principaux types d’infiltration :
- L’infiltration intra-articulaire : injection de la substance médicamenteuse à l’intérieur de l’articulation. On y a recours pour traiter des pathologies telles que l’arthrose ou l’arthrite.
- L’infiltration péri-articulaire : les injections se font autour de l’articulation. On l’utilise pour traiter des tendinites ou des kystes.
- L’infiltration intra-canalaire : les injections se font au niveau d’un canal à l’intérieur duquel chemine un nerf irrité. On l’utilise largement dans le traitement du syndrome du canal carpien et de la hernie discale lombaire.
En cas d’épicondylite, les injections se font autour de l’articulation du coude, au niveau des tendons qui s’insèrent sur l’épicondyle externe (face externe du coude). Il s’agit donc d’une infiltration péri-articulaire.
Lors d’une infiltration dans le cadre d’une épicondylite, les substances injectées au niveau du coude peuvent être soit des corticoïdes, soit du plasma riche en plaquettes (PRP) :
Épicondylite et infiltration de corticoïdes
Les corticoïdes (dérivés de la cortisone) sont de puissantes substances anti-inflammatoires. Injectés directement au niveau du site d’insertion des tendons épicondyliens, ils permettent dans certains cas d’atténuer efficacement l’inflammation locale et donc de réduire les douleurs d’une épicondylite.
Toutefois, l’épicondylite n’est pas vraiment une pathologie inflammatoire. Il s’agit plutôt d’une pathologie dégénérative (dégénérescence et microlésions au niveau des tendons épicondyliens suite à une sollicitation excessive) qui peut être aggravée par l’installation d’une inflammation dans un second temps.
Les infiltrations de corticoïdes n’ont donc aucun effet sur la guérison d’une épicondylite. Elles peuvent seulement calmer certaines douleurs aiguës chez quelques patients (résultats inconstants).
Il faut savoir que les séances d’infiltration de corticoïdes ne doivent pas être rapprochées dans le temps, car elles peuvent entraîner une fragilité des tendons et donc une augmentation du risque de récidive de l’épicondylite.
Épicondylite et infiltration de plasma (PRP)
L’infiltration de plasma est une technique de plus en plus utilisée dans le traitement de l’épicondylite. Elle consiste à réaliser des injections de plasma riches en plaquettes (PRP) au niveau du coude, plus précisément aux alentours de l’insertion des tendons épicondyliens, afin de favoriser la cicatrisation de ses derniers et la guérison de l’épicondylite.
Le plasma riche en plaquettes utilisé dans le traitement de l’épicondylite est issu du patient lui-même. Il est obtenu après centrifugation du sang de ce dernier pour en garder que les plaquettes (sang débarrassé des globules rouges et blancs…).
Les plaquettes contiennent en leur sein des facteurs de croissance. Une fois injectées au niveau du site pathologique (région épicondylienne du coude), elles libèrent ces facteurs qui stimulent la cicatrisation des lésions tendineuses et favorisent la guérison de l’épicondylite.
Les infiltrations de plasma riche en plaquette dans le cadre d’une épicondylite se font sous anesthésie locorégionale, car elles se font en plein tendon (directement au niveau des fissures) sous contrôle échographique, et cela peut provoquer des douleurs intenses.
La réalisation d’une anesthésie locorégionale permet d’effectuer les infiltrations de manière totalement indolore.
Dans la semaine qui suit l’infiltration de PRP, l’administration d’anti-inflammatoires est interdite (pour éviter l’activation des plaquettes injectées).
Une rééducation est également nécessaire après la réalisation d’infiltrations de PRP afin de favoriser la réparation des tendons et leur résistance (orienter les fibres de collagènes régénérées dans le sens des contraintes mécaniques).

Épicondylite et infiltration : quelles sont ses indications ?
L’infiltration, bien qu’elle soit couramment utilisée dans la prise en charge de nombreuses pathologies (particulièrement les pathologies articulaires), n’est pas un geste anodin !
Dans le contexte d’une épicondylite, l’infiltration ne doit être réalisée qu’en cas d’échec des traitements habituels (médicaments antalgiques, anti-inflammatoires par voie orale ou en application locale, repos, kinésithérapie…).
L’infiltration de corticoïdes permet de soulager efficacement les douleurs chez certains patients souffrant d’épicondylite et améliorer leur qualité de vie en attendant la guérison spontanée.
L’infiltration de plasma riche en plaquettes (PRP) peut être envisagée en cas d’épicondylite qui n’évolue pas favorablement après plusieurs mois de traitement bien conduit.
Épicondylite et infiltration : comment se déroule-t-elle ?
L’infiltration de corticoïdes (ou de plasma riche en plaquettes) est un geste qui peut être réalisé en ambulatoire chez le patient souffrant d’épicondylite (le patient sort du cabinet médical ou de l’hôpital le jour même).
Voici les principales étapes d’une séance d’infiltration dans le cadre d’une épicondylite :
- Installation du patient en position couchée sur le ventre (décubitus ventral), le bras concerné en rotation interne pour exposer la région épicondylienne latérale au praticien.
- Désinfection minutieuse et large de la zone à ponctionner (toute la région du coude ainsi que le bras et l’avant-bras).
- Injection de corticoïdes (ou de PRP) à l’aide d’une longue aiguille dite de gros calibre (0,8 mm) directement au niveau du tendon lésé.
- Plusieurs perforations sont réalisées au niveau du tendon pathologique pour y provoquer volontairement des saignements locaux qui participeront à la cicatrisation secondaire.
- Mise en place d’un pansement non compressif pour protéger le site de ponction (réduire le risque infectieux).
- Réalisation de certains gestes d’étirement des muscles épicondyliens et programmation d’une consultation de contrôle dans les 2 ou 3 semaines qui suivent.
Épicondylite et infiltration : est-ce efficace ?
L’effet des infiltrations de corticoïdes n’est pas immédiat. Les douleurs peuvent même être accentuées les premiers temps en raison de l’œdème formé suite à l’agression des tendons et des tissus environnants par les injections.
Le soulagement des douleurs de l’épicondylite suite aux infiltrations de corticoïdes apparaît en général après 3 à 4 semaines et il dure quelques mois.
Au bout de ces quelques mois, soit les douleurs disparaîtront complètement — indiquant une évolution favorable de l’épicondylite (cicatrisation des lésions tendineuses) — soit réapparaîtront : une seconde séance d’infiltrations peut alors être envisagée.
Par ailleurs, les infiltrations de corticoïdes ne semblent pas accélérer la guérison de l’épicondylite. Il s’agit d’un traitement uniquement symptomatique visant à soulager des douleurs intenses réfractaires aux traitements antalgiques classiques.
À l’inverse, les infiltrations de plasma riche en plaquettes peuvent accélérer la guérison de l’épicondylite en favorisant la cicatrisation des tendons (grâce aux facteurs de croissance apportés par les plaquettes).
Références
[1] « Traitement de l’épicondylite ». https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/epicondylite/traitement (consulté le 3 janvier 2023).
[2] « Infiltration du coude », Imagerie Médicale. https://imageriemedicale.fr/examens/infiltration/coude/ (consulté le 2 janvier 2023).
[3] « Epicondylites – Centre de Chirurgie orthopédique et sportive ». http://www.ccos.fr/epicondylite-263 (consulté le 5 janvier 2023).
[4] D. E. ABEHSERA, « Epicondylite coude : comment diagnostiquer et traiter la pathologie ? », 25 mars 2022. https://www.sosmain93.com/coude/epicondylite-laterale-coude/ (consulté le 8 janvier 2023).
[5] « Épicondylite (tennis elbow) et injection de corticoïde : moins de guérisons ». https://www.prescrire.org/fr/3/31/49747/0/2014/ArchiveNewsDetails.aspx?page=1 (consulté le 4 janvier 2023).
[6] « Épicondylite : infiltration de corticostéroïdes et/ou kinésithérapie ? », Minerva Website. http://www.minerva-ebm.be/fr/article/72 (consulté le 4 janvier 2023).
[7] « Épicondylite : Définition et prise en charge (tout savoir) – TMS Membres Supérieurs », 26 décembre 2022. https://tms-membre-superieur.com/epicondylite/ (consulté le 9 janvier 2023).