doigt à ressaut

Doigt à ressaut : Comment retrouver une fonction normale ?

 

Le doigt à ressaut (également appelé doigt gâchette ou « trigger finder » en anglais) est une affection qui provoque une sensation d’accrochage lorsque vous tentez de plier votre doigt.

 

L’annulaire et le pouce sont le plus souvent touchés par le doigt à ressaut, mais cette affection peut également se manifester dans les autres doigts.

 

Cet article vous explique ce qu’est le doigt à ressaut, et vous propose des solutions visant à traiter cette condition.

Définition, anatomie et statistiques intéressantes

 

Débutons par une leçon simplifiée d’anatomie pour vous aider à comprendre le doigt à ressaut.

 

Les doigts de la main comporte 3 os appelés phalanges qui sont reliées au métacarpes. Le pouce, lui, ne comporte que 2 phalanges.

 

Les tendons fléchisseurs des doigts sont de longues structures qui relient les muscles de l’avant-bras aux phalanges. Lorsque les muscles se contractent, les tendons fléchisseurs permettent aux doigts de se plier.

 

Chacun des tendons fléchisseurs est entouré d’une gaine lui permettant de coulisser librement (sans friction ni adhérence).

 

Ces tendons restent maintenus sur les phalanges grâce à la présence de fibres appelées poulies, sous lesquelles ils passent lors du mouvement du doigt.

 

Chez un patient souffrant d’un doigt à ressaut, le système de poulie devient inflammé et s’épaissit, ce qui rend difficile le glissement du tendon fléchisseur à travers la gaine durant le mouvement de flexion.

 

Les doigts les plus touchés sont le majeur et l’annulaire. Avec le temps, le tendon fléchisseur peut également développer de l’inflammation, et de petits nodules peuvent apparaître à sa surface.

 

Ce nodule passe à travers la poulie quand on plie le doigt, mais se coince quand on veut le remettre droit. C’est ce qui explique la sensation d’accrochage et le claquement ressenti lorsqu’on essaye de plier son doigt. Cette sensation peut être accompagnée de douleur.

 

Dans les cas avancés, le doigt se bloque et reste coincé dans une position fléchie. Le patient doit parfois utiliser son autre main pour redresser le doigt en position normale.

 

Cette affection touche 2 à 3 % de la population générale, et 10 % des patients diabétiques (surtout les femmes âgées de 50 ans et plus).

 

 

Causes

 

Bien que les causes exactes du doigt à ressaut ne soient pas bien connues, plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer cette affection. Il s’agit notamment des facteurs suivants :

 

  • Personnes diabétiques (car l’hyperglycémie affecte l’organisation des fibres de collagène composant les tendons)
  • Personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde ou autres rhumatismes
  • Tendinite calcifiante
  • Traumatisme ancien du doigt
  • Utilisation intensive des doigts et du pouce (préhension, pincement)
  • Travail manuel
  • Prédisposition congénitale
  • Syndrome du canal carpien

 

 

Symptômes

 

Bien qu’il existe des facteurs prédisposants, les symptômes du doigt à ressaut peuvent apparaître sans traumatisme associé.

 

Les symptômes peuvent inclure :

 

  • Une bosse douloureuse à la base du doigt
  • Une sensation d’accrochage ou blocage lors du mouvement du doigt.
  • Une douleur lorsque vous pliez ou redressez le doigt.
  • Une raideur matinale

 

Dans un cas grave, le doigt concerné peut se bloquer en position pliée.

 

 

Diagnostic

 

Typiquement, un examen médical est suffisant pour diagnostiquer un doigt à ressaut, et la radiographie (ou autres tests d’imagerie médicale) n’est pas nécessaire.

 

Au cours de l’examen clinique, votre médecin recherchera des signes concordants avec les symptômes mentionnés ci-haut. Ceux-ci comprennent :

 

  • Une sensibilité au-dessus de la gaine du tendon fléchisseur
  • Un épaississement ou un gonflement de la gaine du tendon.
  • Une provocation de douleur lorsque vous pliez et dépliez le doigt atteint.
  • Une raideur du doigt et/ou une sensation d’accrochage

 

 

Traitement

 

Le traitement débute le plus souvent par des stratégies conservatrices visant à soulager les symptômes et retrouver la fonction normale du doigt. Les modalités thérapeutiques incluent :

 

  • Repos et attelle visant à maintenir le doigt en position droite (durant le jour et/ou la nuit)
  • Exercices doux et progressifs visant à retrouver « débloquer » le doigt à ressaut et retrouver l’amplitude complète en extension
  • Médicaments visant à contrôler la douleur et l’inflammation
  • Infiltration de cortisone : On infiltre au niveau de la gaine du tendon pour libérer l’inflammation à ce niveau. On estime qu’il devrait y avoir de l’améliorer à l’intérieur de quelques semaines, sans quoi une deuxième infiltration peut être considérée
  • Traitements alternatifs : Bien qu’il n’existe pas de preuves scientifiques, certaines personnes voient de l’amélioration avec certains produits comme le baume du tigre, les huiles essentielles, et autres produits naturels.

 

Traitement chirurgical

 

Si le doigt à ressaut ne s’améliore pas avec un traitement conservateur, l’équipe médicale va envisager une intervention chirurgicale.

 

La chirurgie n’est pas toujours indiquée, et sera basée sur l’intensité de la douleur et/ou la perte de fonction du doigt atteint. S’il est bloqué en position de flexion, par contre, il serait pertinent d’opérer pour éviter une raideur permanente.

 

L’intervention typiquement utilisée est la ténolyse. Cette opération sous anesthésie locale aura pour objectif de libérer le système de poulie, permettant un glissement plus facile du tendon fléchisseur dans sa gaine.

 

Complications après l’opération

 

Comme toute chirurgie, des complications peuvent survenir par après. Votre médecin discutera des risques spécifiques à votre condition, et prendra évidemment les mesures nécessaires pour minimiser ces complications.

 

Les complications les plus fréquentes après une intervention chirurgicale pour un doigt à ressaut sont les suivantes :

 

  • Une raideur résiduelle du doigt atteint
  • L’impossibilité de redresser le doigt concerné
  • Douleur et doigt gonflé au site opératoire
  • Infection
  • Cicatrice douloureuse
  • Lésion du nerf digital entraînant des paresthésies
  • Algodystrophie

 

 

Récupération et pronostic

 

Malgré le risque (minime) de complications, il faut noter que le pronostic est favorable, et que la grande majorité des patients constatent une amélioration significative de leur fonction ainsi qu’un soulagement de la douleur.

 

Le pronostic sera par contre influencé par l’état pré-opératoire. Si une contracture ou une perte de mouvement était présente avant l’opération, il se peut que l’amplitude du mouvement ne soit pas complètement rétablie.

 

Également, la présence de diabète affecte le pronostic et réduit les chances de guérir complètement.

 

Tout de suite après l’opération, le chirurgien va encourager son patient à mobiliser le doigt le plus rapidement possible, malgré l’inconfort ressenti au site opératoire. Ceci va permettre d’améliorer la circulation et prévenir les complications (comme la raideur).

 

Bien que l’incision se cicatrise généralement en quelques semaines, il faut compter de 4 à 6 mois pour que le gonflement et la raideur du doigt disparaisse complètement.

 

Pour accélérer la guérison, il est possible que le médecin réfère vers un thérapeute de la main (comme un kinésithérapeute ou un ergothérapeute).