La déformation en boutonnière est une affection au doigt. Plus précisément, il s’agit d’une difformité où le doigt est maintenu plié dans sa partie moyenne (hyperflexion) et tendu (hyperextension) dans sa partie distale.
Si cette condition n’est pas traitée rapidement, la déformation peut progresser, entraînant parfois une déformation permanente et une altération du fonctionnement de la main.
Cet article traite de cette condition en détails (diagnostic, causes, symptômes, etc.), et propose des stratégies de traitement naturelles et chirurgicales.
Doigt en boutonnière, définition et causes possibles
La déformation en boutonnière est la conséquence d’une lésion du tendon extenseur à la base de la phalange moyenne. Il en résulte une saillie de la phalange proximale entre les bandelettes latérales de l’appareil extenseur.

L’analogie avec la boutonnière vient du fait que la phalange proximale pousse les faisceaux du tendon, comme un bouton dans une boutonnière. Évidemment, cette déformation peut perturber la fonction de la main.
Une cause fréquente découle d’un coup porté sur le dessus d’un doigt. La blessure (de type traumatique) peut être associée à une fracture par avulsion, ou une luxation de l’articulation.
Elle peut également être causée par une coupure sur le dessus du doigt occasionnant une section du tendon de l’extenseur de la phalange moyenne, un des tendons qui permet de redresser le doigt.
Outre les blessures traumatiques, les autres facteurs potentiellement responsables de la déformation en boutonnière comprennent :
- Arthrose : L’arthrose est une maladie dégénérative des articulations qui peut affecter les doigts. La dégradation du cartilage et des structures articulaires peut altérer la fonction des tendons fléchisseurs et entraîner une déformation en boutonnière.
- Facteurs génétiques : Dans certains cas, des facteurs génétiques peuvent prédisposer certaines personnes à développer des déformations en boutonnière.
- Idiopathique : Dans certains cas, on n’arrive pas à identifier la cause précise de la déformation.
- Maladies inflammatoires : L’arthrite rhumatoïde est une cause fréquente de doigt en boutonnière. D’autres maladies inflammatoires, telles que la polyarthrite psoriasique et le lupus érythémateux disséminé, peuvent également causer des lésions des tendons fléchisseurs et contribuer à la déformation en boutonnière.
Doigt en boutonnière et arthrite, quel lien ?
Tel que mentionné, la déformation en boutonnière est souvent causée par l’arthrite ou autre type de rhumatisme. En effet, près de 50 % des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde développeront une déformation en boutonnière dans au moins un doigt.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune qui provoque une inflammation chronique des articulations, entraînant une dégradation progressive du cartilage, des os et des tendons.

Lorsque l’arthrite rhumatoïde affecte les articulations des doigts, elle peut entraîner des lésions des tendons des doigts.
Avec le temps, l’inflammation et les lésions dues à l’arthrite peuvent provoquer une déformation en boutonnière du doigt.
Le traitement de la déformation en boutonnière liée à l’arthrite rhumatoïde doit donc prendre en considération la cause principale, à savoir la gestion de l’inflammation et de la douleur associées à l’arthrite. Nous en discuterons ultérieurement.
Déformation en boutonnière vs en col de cygne : Quelle différence ?
Bien qu’elles affectent toutes les deux les doigts et provoquent des déformations caractéristiques, la déformation en col de cygne et en boutonnière sont deux conditions distinctes. Il ne faut donc pas les confondre.
La principale différence entre ces deux déformations réside dans la position des articulations du doigt.

Dans la déformation en boutonnière, l’articulation proximale se plie en flexion tandis que l’articulation distale demeure en hyperextension.
En revanche, dans la déformation en col de cygne, l’articulation distale se plie exagérément en flexion, tandis que l’articulation proximale est fléchie normalement. Cette déformation est caractérisée par une courbure distincte ressemblant à la forme du cou d’un cygne.
Quels symptômes ?
S’ils originent d’une cause traumatique, les signes d’une déformation en boutonnière peuvent survenir immédiatement après la blessure, mais prennent généralement quelques semaines avant se développer.
Avec les rhumatismes, la déformation apparaît progressivement, souvent dans les stades plus avancés de la maladie.
Essentiellement, le doigt ne peut pas être redressé dans sa partie moyenne (en termes techniques, il existe un manque d’extension active de l’articulation inter-phalangienne proximale). Le bout du doigt, lui, est maintenu en hyperextension.
Par ailleurs, un gonflement et une douleur peuvent apparaître et persister sur le dessus du doigt atteint, en raison de l’inflammation associée.
Une raideur se développe généralement avec le temps, surtout si la condition n’est pas traitée.
Ces symptômes ont une conséquence sur le quotidien, et le patient se plaint souvent de perte de mobilité, de force ou de dextérité du doigt atteint.
Comment poser le diagnostic ?
Suite à un accident impliquant le doigt, il est important de consulter un médecin. Ceci est d’autant plus vrai si la condition ne s’améliore pas rapidement, et qu’on note une difformité quelconque.
Lors de la consultation initiale, le médecin examinera minutieusement les doigts de votre main. Bien que la douleur puisse limiter le diagnostic, il vous demandera de redresser le doigt affecté, ou encore de plier le bout du doigt.
Tel que mentionné, le signe caractéristique de la déformation en boutonnière est une flexion de l’articulation inter-phalangienne proximale, associée à une hyperextension de l’articulation inter-phalangienne distale.
En d’autres terme, le doigt est plié dans sa partie moyenne, et maintenu en extension à son extrémité. Le test d’Elson permettra également de confirmer le diagnostic.
Il est important d’observer les deux difformités mentionnées précédemment pour poser un diagnostic de déformation en boutonnière. Un diagnostic différentiel est la pseudo-boutonnière, où on observe une contracture en flexion du doigt dans sa partie moyenne, mais sans l’extension de l’articulation inter-phalangienne distale.
Rôle de l’imagerie médicale pour diagnostiquer la déformation en boutonnière
Il est important de souligner que le diagnostic de la déformation en boutonnière repose principalement sur l’examen clinique et l’historique médical du patient.
L’indication de réaliser une imagerie pour diagnostiquer une déformation en boutonnière dépendra de la présentation clinique du patient, des symptômes ressentis et des résultats de l’examen physique.
L’imagerie est généralement utilisée pour confirmer le diagnostic, évaluer l’étendue des lésions et aider à déterminer le meilleur plan de traitement pour le patient. On peut également y avoir recours si le patient présente des douleurs persistantes, une raideur articulaire ou d’autres symptômes associés.
Plusieurs techniques d’imagerie médicale peuvent être utilisées en complément de l’examen clinique, les deux principales modalités étant la radiographie et l’échographie.
- Radiographie : La radiographie est généralement la première modalité d’imagerie utilisée pour évaluer les déformations des articulations du doigt. Les radiographies peuvent fournir des images détaillées des os et des articulations. Elles permettent de détecter les anomalies osseuses, les lésions articulaires, ainsi que les signes d’arthrose ou de maladies inflammatoires qui pourraient être associées à la déformation en boutonnière. Les radiographies peuvent également aider à exclure d’autres affections qui peuvent présenter des symptômes similaires.
- Échographie : L’échographie est une technique d’imagerie qui utilise des ondes sonores pour créer des images en temps réel des structures internes du doigt. L’échographie est utile pour évaluer les tendons, les ligaments et les autres tissus mous autour de l’articulation du doigt. Elle peut aider à identifier d’éventuelles lésions tendineuses ou ligamentaires, qui peuvent être impliquées dans la déformation en boutonnière.
Dans certains cas rares, d’autres modalités d’imagerie, telles que l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) ou la tomodensitométrie (TDM), peuvent être utilisées.
Quelles sont les options de traitement ?
La déformation de la Boutonnière doit être traitée le plus tôt possible pour éviter les complications et préserver le mouvement et la fonction.
Options non chirurgicales
Les traitements non chirurgicaux sont généralement préférés à l’opération, et peuvent inclure les éléments suivants :
Médication et infiltration
Les personnes souffrant d’une déformation en boutonnière causée par l’arthrite peuvent être traitées par des médicaments (comme les anti-inflammatoires).
Ils peuvent également bénéficier d’injections de corticostéroïdes directement dans le doigt affecté.
L’objectif de l’infiltration est de réduire l’inflammation et la douleur autour de l’articulation, ce qui peut permettre une meilleure mobilité du doigt touché.
Cependant, l’infiltration n’est généralement pas recommandée comme traitement principal pour la déformation en boutonnière, et ne traite pas forcément la cause du problème.
Elle est plutôt utilisée dans des cas spécifiques où la déformation est associée à une inflammation aiguë ou à une poussée inflammatoire.
Attelle et orthèse
Une attelle sera utilisée dans le but de placer l’articulation inter-phalangienne proximale en extension, en plus de protéger le doigt atteint.
Cela empêchera les fibres du tendon de se détacher pendant la guérison. Bien que l’attelle soit spécialement conçue pour maintenir le doigt dans une position étendue, elle permet toutefois une certaine liberté de mouvement en flexion de l’articulation du bout du doigt.
Le plus souvent, la durée d’immobilisation sera de 6 semaines pour un jeune patient, et 3 semaines pour un patient plus âgé. Bien qu’on essaye de maximiser le port de l’attelle, il peut être nécessaire de retirer l’attelle de temps en temps (par exemple pour réaliser des exercices de rééducation).
Après cette période d’immobilisation, il est possible que le médecin demande que l’attelle soit portée durant la nuit, pour une période additionnelle de 2 à 6 semaines.
Conseils du kiné : Il est crucial de respecter les consignes reliées à l’immobilisation du doigt, sous peine d’échec du traitement.
Exercices
Il est possible que le médecin prescrive des séances de kinésithérapie, ou vous propose des exercices visant à retrouver la mobilité et la force de votre doigt.
oici quelques exemples d’exercices qui pourraient être recommandés :
- Exercices d’étirement passif :
- Utiliser l’autre main pour étendre doucement le doigt touché dans une position droite, en maintenant cette position pendant 30 secondes, puis relâcher. Répéter 3 fois selon tolérance.
- Répéter cet exercice plusieurs fois par jour pour améliorer la flexibilité du doigt.
- Exercices de renforcement des tendons extenseurs :
- Placer le doigt touché à plat sur une surface, puis essayer de soulever le bout du doigt tout en gardant l’articulation touchée étendue.
- Maintenir cette position pendant 5 secondes, puis relâcher.
- Répéter cet exercice 20 fois, et quelques fois par jour pour renforcer les tendons extenseurs du doigt.
- Exercices de préhension :
- Utiliser des objets comme une balle de stress pour pratiquer la préhension avec le doigt touché.
- Répéter ces exercices pour améliorer la force et la coordination de la main touchée. Attention toutefois à ne pas négliger les exercices d’extension qui seront plus efficaces pour corriger la déformation en boutonnière.
Il est essentiel de ne pas forcer le doigt dans des positions inconfortables ou douloureuses lors des exercices. Si des douleurs ou des inconforts apparaissent pendant les exercices, parlez-en à un professionnel de santé (comme un kinésithérapeute ou physiothérapeute).
Options chirurgicales
Bien que le traitement non chirurgical de la déformation en boutonnière soit préférable, la chirurgie demeure une option viable dans certains cas :
- La déformation résulte de la polyarthrite rhumatoïde.
- Le tendon est sectionné suite à l’accident
- Une fracture ou luxation est associée à la déformation
- On note une absence de progrès malgré un traitement conservateur bien guidé
En somme, la décision d’opter pour la chirurgie dépendra de la gravité de la déformation, de la force et de la flexibilité résiduelle du doigt touché, ainsi que de la limitation fonctionnelle qu’elle entraîne.
Les procédures possibles sont la réparation de l’appareil extenseur via un réalignement des tendons, la ténotomie, l’ostéosynthèse ou encore l’arthrodèse.
La chirurgie aura pour objectif de réduire la douleur et améliorer la fonction du doigt. Par contre, il est fréquent d’observer des séquelles, surtout si la déformation n’a pas été traitée à l’intérieur du premier mois suivant l’accident.
Après la chirurgie, une période de rééducation sera nécessaire pour aider à rétablir la mobilité et la force du doigt touché. On estime la convalescence à environ 12 semaines, avec une limitation d’activités de la main affectée pendant cette période.