Le syndrome du canal carpien est une maladie qui affecte la main, les doigts et le poignet. Elle peut même avoir un impact sur le membre supérieur tout entier. Pour qu’il ne s’aggrave pas, il faut la traiter. L’infiltration est un des traitements classiques de cette maladie.
Indication et procédures de l’infiltration au cours du canal carpien : on vous dit tout dans cet article.
Court rappel d’anatomie du poignet
Avant de parler de l’infiltration, faisons d’abord un petit rappel sur l’anatomie du canal carpien.
Le canal carpien est un tunnel ostéoligamentaire qui se trouve entre la paume de la main et le poignet. Il est délimité par les os du carpe (en arrière et sur les côtés) et par le ligament carpien transverse ou rétinaculum des fléchisseurs (en avant).

Le canal permet le passage des tendons, avec leurs gaines synoviales. Le nerf médian y passe aussi pour innerver la main. Il garantit alors la puissance et la sensibilité, en plus de la mobilité de la main.
Le canal carpien est étroit. De plus, il est inextensible. De ce fait, toute atteinte inflammatoire à son niveau augmente la pression inter-canalaire, ce qui risque de comprimer le nerf médian. C’est alors qu’il y a syndrome du canal carpien.
Zoom sur le syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien désigne toute lésion liée à la compression ou pincement du nerf médian. Il se produit lorsqu’il y a inflammation et augmentation de volume au niveau des tendons et de leurs gaines.

On peut parler de syndrome du canal carpien face à l’ensemble des signes fonctionnels et physiques liés à l’atteinte du nerf médian. Parmi ces signes, on distingue principalement des douleurs, des engourdissements, des fourmillements, des sensations de décharges électriques et un déficit moteur.
Dans la plupart des cas, c’est une affection idiopathique, c’est-à-dire que sa cause est indéterminée. Toutefois, les facteurs qui le favorisent sont connus :
- la grossesse ;
- la mauvaise fonction des glandes thyroïdiennes ;
- la polyarthrite rhumatoïde ;
- le diabète ;
- une fracture ou d’autres traumatismes au niveau du poignet.
En absence de prise en charge, ce syndrome peut s’aggraver et devenir irréversible. C’est pourquoi il faut la traiter rapidement.
Le traitement se fait en plusieurs étapes : repos, port d’attelles, prise de médicaments, infiltration et chirurgie (en cas d’échec des autres traitements).
Quand infiltrer ?
Le recours à l’infiltration du canal carpien dépend de plusieurs facteurs tels l’état de santé du patient et la gravité de l’atteinte du nerf médian. Les facteurs sociaux et économiques sont aussi à considérer.

Concernant la gravité de la maladie, l’infiltration au niveau du canal carpien est conseillée lorsque les symptômes datent de moins d’une année, puisque c’est à cette condition qu’elle est plus efficace. On l’administre lorsque les symptômes reviennent toujours et s’intensifient : les douleurs deviennent insupportables ou les paresthésies s’amplifient.
Par contre, elle ne convient plus lorsque la maladie est trop grave (altération du nerf médian).
Au sujet de l’état de santé du patient, l’infiltration est administrée en l’absence de contre-indications telles que :
- des infections locales ou régionales ;
- un traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire (aspirine, kardegic) ;
- une coagulopathie ;
- une thrombopénie ;
- un diabète de type I ;
- une fracture récente au niveau du poignet ;
- une allergie aux produits à utiliser lors de l’infiltration.
Pour éloigner tous les risques, l’infiltration doit se faire auprès des professionnels expérimentés qui possèdent une totale maîtrise des techniques.
Types d’infiltration possible au cours du syndrome du canal carpien
Il y a plusieurs types d’infiltrations selon plusieurs critères.
Pour le cas du syndrome du canal carpien, l’infiltration est intra-canalaire puisqu’elle se fait dans le détroit où passe le nerf irrité.
Ensuite, selon la substance à infiltrer, 3 types d’infiltration sont possibles.
L’infiltration de substances corticostéroïdes
C’est une infiltration à base de cortisone, qui est un anti-inflammatoire puissant.
Il calme les symptômes inflammatoires comme les douleurs, les tuméfactions des tissus au niveau du canal carpien ce qui est efficace pour réduire l’augmentation de pression sur le nerf médian.
L’infiltration de produit viscosuppléance
Les produits de viscosuppléance comme l’acide hyaluronique agissent pour lubrifier et limiter les frictions.
En effet, les mauvais frottements du tendon sur la gaine suite au manque de lubrification par les gaines synoviales, entrainent une inflammation du tendon, qui gonfle et exerce alors une pression sur le nerf médian. Au fur et à mesure, la gaine s’épaissit et il y a alors difficultés à bouger. L’injection de viscosuppléance peut alors y remédier. De plus, elle limite les douleurs.
Il faut toutefois savoir que ce traitement n’est pas toujours efficace à 100 %. Dans la plupart des cas, elle aboutit quand même à l’intervention chirurgicale.
L’infiltration de PRP (plasma riche en plaquettes)
Elle consiste à prélever du sang au patient, pour y recueillir les plaquettes. Ces dernières contiennent des facteurs de croissance qui favorisent la réparation des tissus endommagés qui sont à l’origine de la compression du nerf médian et du syndrome du canal carpien.

C’est le type d’infiltration le plus efficace. Elle traite à la fois la cause sous-jacente de cette compression grâce à ses fonctions réparatrices.
Cependant, l’infiltration de corticoïdes reste la plus utilisée.
Procédure à suivre
Voici comment se passe la procédure de l’infiltration :
- une étape d’asepsie : lavage des mains et avant-bras et désinfection locale ;
- l’administration d’analgésie (si nécessaire) : une anesthésie ou un sédatif léger pour que le patient ne souffre pas trop ;
- l’infiltration proprement dite : le dos de la main est posé à plat sur la table. On introduit l’aiguille inclinée de 10 ° à 45 ° à mi-chemin entre le long palmaire et le canal de Guyon. Il faut veiller à ce que ce dernier ne soit pas touché puisqu’il renferme également des nerfs et des artères. Pour mieux localiser la zone où enfoncer l’aiguille, des manœuvres telles que l’opposition des doigts groupés, ou même une échographie de guidage peuvent être d’une grande aide. Une fois bien déterminée, on enfonce l’aiguille de 10 à 20 mm pour y infiltrer environ 3 ml du produit.
Le patient commence à ressentir un net soulagement des symptômes dès les premiers jours qui suivent l’infiltration. Si ce n’est pas le cas, il ne faudrait pas insister, car elle n’est pas efficace.
Normalement, l’effet du traitement dure pendant environ 6 mois. On peut le refaire jusqu’à trois fois si besoin. Toutefois, il faut faire attention aux risques et aux complications.
Risques et complications de l’infiltration
Les effets indésirables suite aux infiltrations, notamment de corticoïdes, au niveau du canal carpien sont probablement : des malaises vagaux, une arthralgie secondaire brève, une atrophie sous-cutanée, des troubles glycémiques. Il y a aussi les problèmes liés à la négligence de l’asepsie (complications en infection) ou des réactions d’intolérances allergiques.
D’autres complications peuvent aussi survenir, comme la piqûre accidentelle au niveau du nerf médian. Cela se manifeste par une douleur aigüe au sein du territoire du nerf. Un défaut d’exécution peut aussi entrainer des ruptures tendineuses ou une atrophie des tissus musculaires.
Les risques d’échecs sont associés à un mauvais diagnostic, une mauvaise technique ou l’incompétence, l’absence de programme de réadaptation et au non-respect des conditions post-infiltrations (durée de repos, évitement des positions qui favorisent la compression du nerf, etc.).
Le syndrome de Tachon est aussi un des effets indésirables de l’infiltration. Il se manifeste par de violentes douleurs dorsales ou thoraciques.
Pour remarque, ces risques et complications restent rares et peu dangereux. S’ils constituent un frein qui vous empêche à vous décider pour l’infiltration, il existe d’autres alternatives pour traiter le canal carpien.
Alternatives de traitement
En alternative à l’infiltration du canal carpien, il est possible d’opter pour la physiothérapie, la kinésithérapie, l’acupuncture ou aussi pour les anti-inflammatoires naturels.
Ils sont réalisables dans le cas où le port d’attelles et les médicaments ne font pas effet alors que le patient ne veut pas opérer.
Sinon, la chirurgie reste une alternative intéressante pour traiter le syndrome du canal carpien.
Ressources
Canal carpien ou tendinite : comment différencier ?
Canal carpien ou SEP (sclérose en plaques) : comment différencier ?
Canal carpien et arthrose : quel lien ? (explications)
Canal carpien et fibromyalgie : comment différencier ?
Canal carpien et tremblement : quel lien ? (explications)
Canal carpien et hypothyroïdie : quel lien ?